Les effets
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1. Pour les animaux :

           1.1. Chez les monogastriques (16) (17) :

            De nombreuses mycotoxines ont des effets divers chez les animaux monogastriques :

Aflatoxine : elle provoque des effets hépatotoxiques, immunotoxiques, tératogènes et cancérogènes. Mais ces effets sont moins observables chez les volailles, les porcs et les veaux, du fait de leur abattage précoce ; ainsi seuls les effets à court terme sont observables (hépatites, hémorragies et mort). Alors que pour d’autres espèces tels que les truites et les canards les effets des mycotoxines sont plus sensibles.

Ochratoxine : on observe principalement des effets néphrotoxiques ; cette mycotoxine est responsable en Europe de la néphropatie endémique porcine. Mais pour les porcs et les volailles, on a pu observer des effets immunotoxiques, tératogénes, cancérogènes et hépatotoxiques.

Fumonisine : elle est considérée comme toxique car elle a un effet sur la synthèse des lipides contenues dans les cellules nerveuses. Elle provoque des œdèmes pulmonaires chez le porc. Chez les poissons, on observe des effets hépatiques et rénaux.

Zéaralénone (ZEN) : elle a un puissant effet œstrogènique et provoque des troubles hormonaux.

Patuline : effets limités (diminution de croissance)

Trichothécène : effet immunotoxique

DON : les porcelets sont les animaux les plus sensibles à cette mycotoxine. De fortes doses entraînent des vomissements, un refus de s’alimenter, des pertes de poids, mais également des nécroses dans certains tissus (comme, par exemple, dans la paroi intestinale). Lorsque les doses sont plus faibles, on observe des modifications concernant les paramètres sanguins ou des lésions du système immunitaire.

 

1.2. Chez les ruminants  (15) (16):

            1.2.1. Le devenir des mycotoxines chez les ruminants:

            Les ruminants possèdent un système digestif de type polygastrique, ils sont donc dotés d’une flore microbienne très importante au niveau du rumen. Il a été démontré que celle-ci était capable de dégrader certaines toxines à faibles doses, grâce à ses micro-organismes, elles deviennent alors plus ou moins toxiques. D’autre part, le rumen bénéficie d’une paroi kératinisée ce qui limite l’absorption les mycotoxines dans le sang. De plus, le rumen est le lieu d’une dilution importante liée à la quantité de sucre salivaire, ce qui limite l’importance des toxines.

Devenir des mycotoxines dans le rumen et évolution de la toxicité:

Mycotoxine

Résultat de la transformation dans le rumen

Toxicité par rapport à la toxine initiale

DAS

Dé-époxy

Dé-epoxyscirpènetriol

Idem

T-2

HT-2

néosonaniol

Idem

10 fois moins

DON

DON-1

Moins

OTA

Phénylalanine

Ochratoxine alpha

Ochratoxine c

 

Non toxique

Idem

ZEN

90 % de alpha zéaralérol

10% de béta zéaralérol

10 fois plus

idem

AFB

afltoxicol

élevée

Sources : (15)

            Il faut préciser que le type d’aliment est aussi un acteur de la dégradation des mycotoxines (elles sont plus dégradées dans une ration riche en concentrés).

            D’autres transformations ont lieu dans l’épithélium intestinal, le foie et les reins, elles ont plus pour conséquences de diminuer la toxicité et de permettre la solubilisation dans l’eau des mycotoxines, elles sont alors excrétées dans l’urine ou le lait.

            On a donc une contamination du lait : on retrouve principalement les ochratoxines, les aflatoxines et les ZEN mais les taux de transferts restent faibles:

Taux de transfert des mycotoxines dans le lait de bovins:

Mycotoxines

Taux de transfert dans le lait

Aflatoxines

0,3 % à 2,2 %

T-2 

0,05 à 2 %

DON

trace

FB1

0,05 %

OTA

si administration massive

ZEN

0,06 %

Sources : (15)

            Les ruminants sont bien protégés par leur système digestif. On notera toutefois que les ovins seraient plus sensibles que les bovins. Le taux de transfert des mycotoxines dans le lait y serait plus important et poserait plus de problèmes pour les agneaux, ces derniers seraient en danger à partir de 44,5 mg/kg d’aliment pour la FB1.

            1.2.2. Les effets sur les ruminants :

            Le tableau ci-dessus présente les effets probables des principales mycotoxines sur les ruminants. Les études ont montré les effets suivants mais les taux moyens de toxicité n’ont pas été déterminés.

Répercussions des différentes mycotoxines sur les ruminants

Mycotoxines

Ruminants

Aflatoxine

Lésion du foie, congestions, hémorragies

Encéphalopathies et œdème

Mort

Ochratoxine A

Dommage rénaux, anorexie, affaiblissement

Rarement observées chez les ruminants car elles sont dégradées dans le rumen.

Immunotoxiques et cancérigènes

Patuline

Cancérigène et mutagène

Hyperesthésie, incoordination des organes moteurs

Troubles de l’ingestion et de la digestion

Fumonisines

Lésins profondes du foie, du tractus gastro-intestinal, du système nerveux

Trichotécènes

Perte de poid, vomissement, hémorragies

Très peu sensible

T-2 et DON : Inhibent la synthèse protéique, mort cellulaire

Zéaralénone

Problème de reproduction, hypertrophie des organes génitaux femelles, infertilité, avortement (Kallela & Ettala 1984)

Rare chez les bovidés mais cause de gros problèmes en Nouvelle Zélande et aux états Unis de reproduction de moutons

Sources : (15) et (16) 

            Ce tableau représente l’action spécifique de chaque mycotoxine mais, leur action est généralement combinée dans les rations ce qui augmente les effets négatifs sur les animaux.

            Les effets possibles sur les ruminants varient selon quatre critères :

la doses ingérée,

le nombre de toxines présentes,

la durée d’exposition,

l’état sanitaire de l’animal.

            Les mycotoxines provoquent de nombreux effets négatifs sur les ruminants mais ceci lors d’une ingestion en grande quantité et sur des animaux fragilisés. De plus, la contamination généralement s’autorégule par la diminution de l’ingestion.

            Jusqu’alors, ces pathologies n’étaient pas détectées, ou étaient confondues, il est donc difficile de faire un bilan pathologique précis. La seule conséquence certaine des mycotoxines est la baisse de production laitière, en effet, l’inappétence de la ration contenant des moisissures diminue l’ingestion et donc la production. Les seuils définis sont très variables.

            Les ruminants possèdent grâce à leur système digestif une protection efficace contre les mycotoxines.

2. Pour l’homme :

            Du fait de leur concentration dans les denrées alimentaires, on dénombre une vingtaine de mycotoxines potentiellement dangereuses pour l’homme. Cependant, il est rare que les denrées présentent une forte concentration en mycotoxine, entraînant une intoxication aiguë pouvant aller jusqu’à la mort de l’individu. Dans la plupart des cas, l’homme est sujet à des intoxications chroniques de petites quantités de mycotoxines, dont les effets sont rarement dangereux.

            Les conséquences des mycotoxines sont dépendantes de nombreux facteurs tels que la concentration en toxine, la durée d’exposition ou l’état physiologique de la personne contaminée par exemple. De plus, les mycotoxines sont polymorphes, c'est-à-dire qu’une même mycotoxine n’aura pas les mêmes effets sur l’organisme en fonction de ces paramètres. Ainsi, il est rare que les symptômes soient caractéristiques d’une mycotoxine. Il est donc difficile de connaître tous les effets possibles sur l’homme. Certains sont fortement suspectés d’être dus à la consommation de produits contenant des mycotoxines, mais le manque de données ne permet pas de l’affirmer (32) (34).

            Sylviane Dragacci, chercheur à l’AFSSA, a dénoncé les multiples effets des mycotoxines pour l’homme, qui peuvent être " cancérigènes, mutagènes, tératogènes, immunosuppresseurs, allergiques, oestrogéniques, nécrosants, neurotoxiques, néphrotoxiques … ". Elle ajoute de plus que " les organes et tissus cibles sont très divers : foie, rein, peau, système immunitaire, système nerveux, glandes endocrines, où des lésions organiques irréversibles peuvent être produites .

            Les mycotoxines peuvent être classées en trois groupes selon leur effet cancérigène sur l’animal et sur l’homme, d’après le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Ce classement a été fait à partir de données issues de travaux épidémiologiques établissant des liens de causes à effets entre la consommation d’aliments contaminés et ses conséquences (16) (31).

 

Groupe 1: effet cancérigène avéré pour l’homme.

Aflatoxine B1

Groupe 2B : effet cancérigène possible pour l’homme (évidences chez l’animal).

Aflatoxine M1

Griséofulvine

Ochratoxine A

Stérigmatocystine

Fumonisine B1

Acide pénicillique

Groupe 3 : pas d’effet cancérigène (évidences insuffisantes pour l’animal et évaluation impossible pour l’homme).

Citrinine

Patuline

Zéaralénone

Trichotécènes

Cyclochlorotine

Lutéoskyrine

Rugolosine

            Le tableau ci-dessus présente les effets probables des principales mycotoxines sur l’homme. Seule l’aflatoxine a un effet cancérigène certain car elle appartient au groupe 1. Pour les autres mycotoxines, il n’y a aucune étude permettant de l’affirmer. Ces résultats sont à prendre avec précaution. Il serait en effet nécessaire d’entreprendre des études épidémiologiques afin de préciser le rôle de certaines mycotoxines, car comme nous l’avons vu précédemment, de nombreux effets sont supposés. De plus des interactions inter mycotoxines, et ce surtout dans le cas des Trichotécènes peuvent induire un décalage entre les conditions expérimentales et réelles.

Effets probables des principales mycotoxines sur l'homme

Aflatoxine

Cancérigène : Cancer du foie et des voies biliaires, cancer bronchopulmonaire et bronchique (B1)

Mutagène : Anomalie de la synthèse des enzymes de réparation de l’ADN (B1)

Ochratoxine A

Cancérigène : Cancer du rein

Mutagène : Anomalie de la synthèse des enzymes de réparation de l’ADN

Immunosuppresseur

Néphrotoxique : Néphropathie endémique (Balkans), néphropathie interstitielle chronique (Maghreb)

Patuline

Immunosuppresseur : Diminution du nombre de lymphocytes du sang (lymphopénie) si intoxication chronique

Neurotoxique : Troubles nerveux (action antiacétylcholinestérase)

Fumonisines

Cancérigène : Association avec des cancers de l’œsophage, notamment chez la femme (Afrique du Sud) et du foie (Chine)

Trichotécènes

Mutagène : Anomalie de la synthèse des enzymes de réparation de l’ADN (Toxine T2)

Immunodépresseur : Altération de la phagocytose, inhibition de la synthèse protéique (Toxine T2 et Désoxynévalénol)

Respiratoire : Pneumopathie interstitielle desquamative

Aleucie (Union Soviétique, Europe Centrale, Etats-Unis, Finlande, Chine)

Zéaralénone

Oestrogénique : Puberté précoce et gynécomastie (Porto-Rico)

Trémorgène

Respiratoires : Alvéolites allergiques

Citréoviridine

Neurotoxique : Paralysie des extrémités, convulsion, mort par arrêt respiratoire

Acide aspergillique

Respiratoires : Alvéolites allergiques

Fusarine C

Mutagène : Anomalie de la synthèse des enzymes de réparation de l’ADN

Gliotoxine

Immunosuppresseur : Mortalité des lymphocytes

Sources: (16) (31)

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