Du côté des agriculteurs et de la collecte
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            Pour lutter contre les mycotoxines, il faut agir en tenant compte des facteurs d'apparition. Comme il y a deux sortes de mycotoxines (de champ et de stockage), on va donc différencier les moyens de lutte en fonction de la nature de la mycotoxines.

            Une bonne compréhension des facteurs écologiques favorables à l'infection, à la croissance et à la production de toxines est une condition indispensable pour la mise au point de stratégies efficaces de réduction des mycotoxines dans les productions agricoles.(6)

1. Avant la récolte (Mycotoxines de champ) :

            1.1. La variété :

            Le choix de la précocité de la variété a son importance. La variété doit être bien adaptée aux conditions pédo-climatiques locales. L'objectif est de permettre une récolte à maturité dans des conditions optimales, et pour une date de récolte qui ne dépasse pas le 1er novembre (2). Il est préférable de choisir une variété pas trop tardive (semis hâtif) afin d'éviter que les grains prennent l'humidité. Effectivement, la récolte hâtive, décidée grâce à un diagnostic précoce au champ, évite la progression de la maladie et une trop grande production des mycotoxines.

            Il faut choisir des variétés tolérantes au Fusarium pour les céréales à paille (orge, avoine, blé) comme blé Fundulea, blé Ac Voyageur, orge Winthrop ; et résistantes à la fusariose concernant le maïs. Il est conseillé de semer divers hybrides de maïs à diverses dates pour répartir les risques. (21)

            1.2. La rotation des cultures :

            La rotation des cultures est un des contrôles du Fusarium. La culture de blé doit avoir été absente d'un champ pendant au moins 2 ans avant d'y ensemencer du blé de nouveau. L'introduction d'une dicotylédone (pois ou luzerne) permet de briser le cycle de la maladie en minimisant la contamination par les spores présentes dans le sol et sur les résidus. Il faut éviter la monoculture. Cependant, si la rotation est impossible, il faut prévoir un labour hâtif pour assurer une décomposition rapide des résidus des cultures précédentes.

            Par ailleurs, il ne faut pas cultiver du blé, de l'orge ou de l'avoine à proximité d'un champ de maïs pour éviter le transfert de spores vers le maïs. Il est important de choisir des densités de semis pas trop élevées pour ne pas augmenter le taux d'humidité. (21)

            1.3. Traitements phytosanitaires :

            Il est possible également d'utiliser des traitements chimiques pour prévenir l'apparition des mycotoxines. Pour le blé, on peut un fongicide de type (Folicur, Bravo 500). (21) Toutefois, il est préférable d'utiliser les autres méthodes qui sont plus écologiques. 

            1.4. Fertilisation:

            La fertilisation doit être équilibrée et l'apport d'azote doit être fractionné sans retarder la seconde application. L'urée est préférable au nitrate. (22)

            La plupart des pratiques culturales visent à obtenir une bonne vigueur des plants. Des plantes plus faibles seront plus sensibles aux infections.

            Il est recommandé de surveiller régulièrement le champ au mois de septembre : date d'apparition possible des maladies. En cas d'apparition des premiers symptômes, mieux vaut tenter une récolte précoce qui sera alors plus saine.

            1.5. Recommandations :

Certaines recommandations sont fonction du type de culture auquel on a à faire. 

Pour les céréales à paille, il est recommandé de :

éviter une rotation trop chargée en céréales et particulièrement en maïs;

en cas de travail du sol sans incorporation complète des résidus de plantes, ne pas cultiver du blé ou du triticale après du maïs, ni du triticale après du blé;

ne pas utiliser de fongicide à base de Strobuline après le stade gonflement

2. Après la récolte (Mycotoxines de champ et de stockage) :

            2.1. Elimination à la récolte :

            A la récolte, le battage des grains fait en sorte que les grains les plus fusariés (contenant donc les fusariotoxines) sont éliminés car ils sont plus petits, et retournent au champ. Par ailleurs, le réglage des moissonneuses batteuses ( écartement batteur et contre-batteur, choix des grilles, puissance du ventilateur...)doit  être particulièrement soigné de manière à éliminer encore plus de  grains échaudés et autres impuretés. De plus, le matériel de récolte doivent être nettoyés après utilisation.

            2.2. Coordination de la récolte et la collecte :

            La récolte et la collecte doivent être coordonnées. En effet, plus la récolte sera propre (pas d'impuretés, peu de grains cassés) et meilleure sera la qualité car rappelons-le les mycotoxines sont essentiellement concentrées dans les brisures, les poussières et débris de culture. Le rythme des chantiers de récolte et ceux de collecte et séchage doivent synchronisé afin d'éviter le pré-stockage des grains pouvant devenir humides. L'intervalle entre la récolte et le séchage doit être inférieur à 24 heures. Il est fortement recommandé de nettoyer les grains avant ou après séchage. La ventilation adéquate permet en effet d'empêcher le développement des toxines dans le silo.

            2.3. Nettoyage du grain :

            Ce nettoyage consiste à faire passer les grains entre des grilles qui éliminent les corps étrangers, les graines étrangères et les impuretés... Ces impuretés peuvent contenir des mycotoxines si le lot de départ était fusarié.

            2.4. Refroidissement des grains stockés :   

 

            Les grains stockés sont à refroidir. Effectivement, lors du stockage des grains, la qualité sera d'autant mieux préservée que le grain sera correctement séché: l'humidité doit s'approcher de 15% dans le cas du maïs et elle doit être faible(< 13%) dans le cas des céréales paille. Si la teneur en humidité est trop élevée, les grains doivent subir un séchage. Ils peuvent subir une ventilation séchante, c'est-à-dire avec de l'air réchauffé de quelques degrés la nuit. Une ventilation de refroidissement avec l'air ambiant est envisageable si le taux d'humidité est légèrement supérieur à la consigne, par exemple pour le blé comprise entre 14% et 16%. Outre son caractère séchant, la ventilation de refroidissement réduit la propagation des insectes dont les cadavres peuvent constituer des points d'humidité favorables au développement fongique. Par ailleurs, le refroidissement permet d'abaisser la température qui est un facteur favorable au développement des champignons.

            Par ailleurs, une diminution des taux d'oxygène, d'azote et une augmentation du taux de dioxyde de carbone permet de ralentir la multiplication fongique.

            De même, vous pouvez utiliser des traitements chimiques antifongiques comme les acides propioniques ou acétique (quand le taux d'humidité est trop élevé à l'entrée du silo) et des conservateurs au cours du stockage. Les acides ne diminuent pas la quantité de toxines déjà présents dans le grain, mais ils empêchent la multiplication.

            2.5. Gestion des résidus de récolte:

            La préconisation la plus importante contre ces maladies concerne la gestion des résidus de récolte. Le travail superficiel comme le semis direct qui laisse en surface tous les résidus est largement déconseillé. Par contre, l'enfouissement est préférable, mais il doit être bien pratiqué. En effet, si les résidus portent des champignons lors de leur enfouissement, leur décomposition avant la culture suivante va diminuer la pression sanitaire. Pour cela, il est conseillé de broyer finement les résidus puis de les incorporer légèrement dans le but de les détruire les spores du ou des champignons. De plus, il sera plus efficace d'un point de vue agronomique, sanitaire et environnemental que l'enfouissement se réalise rapidement.

3. Une autre voie de lutte est la recherche génétique :

            Les recherches actuelles misent beaucoup sur tout ce qui concerne l'aptitude potentielle de la plante à détruire elle-même l'action des mycotoxines. Elles concernent la prévention de la contamination avant la récolte.

            Actuellement à l'étude, on peut citer:

La sélection génétique visant à renforcer la résistance des plantes à la contamination fongique particulièrement à la  fusariose et à la production de toxines. Cette première sélection comporte des limites étant donnés que les symptômes et les teneurs en fusariotoxines ne sont pas forcément corrélés. La seconde sélection implique que les variétés soient riches en composés inhibiteurs de la toxicogénèse, composés constitutifs ou induits par l'installation du champignon.

La conception et la production de plants transgéniques capables de résister à l'infection fongique, de limiter celle-ci ou de limiter la production de toxines;

La mise au point des semences contenant des bactéries endophytes susceptibles d'exclure les champignons toxinogènes;

Le pré infection des plants par des souches de moisissures non toxinogènes : la présence de ces souches constitue une concurrence pour les souches toxinogènes par l'occupation de l'espace sur les céréales;

Les stratégies de lutte contre la pyrale, qui de manière indirecte, peut favoriser l'installation de Fusarium. Une protection des grains doit dans certains cas être assurée.

La présence de composés naturels dans les céréales, susceptibles de moduler la croissance et/ou la toxinogénèse de Fusarium au champ, notamment les composés phénoliques.

 

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