Du côté des industriels
Accueil ] Remonter ] Du côté des agriculteurs et de la collecte ] [ Du côté des industriels ]

 

 

Actuellement, l'ensemble des recherches sont donc basées sur la sélection des matières premières les moins contaminées et sur l'abaissement des contaminations des différents aliments. Nous allons nous attarder plus sur la surveillance, la détection et la lutte contre les mycotoxines sur les produits transformés prêt à la consommation.

1. La prévention :

            La prévention passe obligatoirement par la surveillance de l'ensemble des maillons de la chaîne alimentaire, c'est à dire aussi bien au niveau de la transformation que de la distribution des denrées alimentaires. Afin de réaliser cette surveillance, des réseaux de laboratoires nationaux, d'expert et d'application se sont mis en place afin de réaliser divers test à tous les niveaux possibles. Au départ, leur travail fut basé sur la réalisation d'enquête auprès de diverses industries agroalimentaires, magasins, ... afin d'instaurer des tableaux récapitulant en fonction des mycotoxines, leur fréquence d'apparition et leur niveau de contamination. Maintenant, ces réseaux de laboratoire se sont tournés plus vers la pratique, et ont déjà réalisé plusieurs milliers d'analyses ces dernières années. On voit par exemple l'utilisation de bio capteur. C'est en fait la combinaison entre un composant biologique (micro-organisme, anticorps, ...) et un transducteur (cellule électrochimique, ...) permettant la détection et le dosage direct des mycotoxines.(28)

            Une deuxième action de prévention sont les tests directement réalisés par les industries agroalimentaires, qui d'une part vont contrôler les matières premières qu'elles utilisent, mais elles vont également réaliser de l'auto-contrôle, qui consiste au testage des produits finis.

            Tous ces tests analytiques sont divers et variés et vont des simples tests rapides réalisables sur le terrain aux tests nécessitants des échantillonnages analysés en laboratoire par des méthodes dites de références, certifiées par des laboratoires experts.

            La prévention passe également par la mise en place d'une réglementation, avec par exemple des plans de surveillances pris au niveau de l'Union Européenne, mais aussi la mise en place de lois et le calcul de seuils de tolérance directement au niveau des autorités publiques de différents pays. Tout ceci vous sera plus détaillé dans la partie IV entièrement consacré à la réglementation.

            Tous ces modes de prévention montre donc qu'il est aujourd'hui obligatoire de mettre en place un système de gestion au niveau de la chaîne alimentaire, afin de détecter et gérer les aliments et les magasins et de prendre en compte les risques mycotoxicologiques présent sur ceux-ci.

            Suite à ces différents tests et à ces différentes contaminations, des services spécialisés mais également les services internes aux industries agroalimentaires ont mis en place diverses méthodes de lutte contre les mycotoxines.

2. Moyens de lutte :

            Vue l'action des mycotoxines et leur grande hétérogénéité, la décontamination reste une action difficile à réaliser. Ceci est renforcé par deux points à savoir d'une part le très petit poids moléculaire des mycotoxines (< 1000 d), qui augmente les difficultés de dégradation, et d'autre part l'inefficacité des méthodes d'élimination des micro-organismes, tel que le chauffage, la stérilisation, sur ces molécules.

            Malgré ces points négatifs, des méthodes ont tout de même été étudiées et mise en place pour lutter contre ces contaminations pouvant être un danger pour l'homme et les animaux. Ces traitements sont en faite des traitements visant à réaliser la limitation des effets des mycotoxines et se retrouve à trois niveaux, à savoir des méthodes physiques, chimiques et micro biologiques.

       2.1. Les méthodes physiques : (29) (30) (14)

            Ces méthodes sont essentiellement destinées à la limitation des mycotoxines dans les matières premières ce qui a été vu dans la partie des moyens de lutte aux champs et au stockage. Malgré tout, quelques unes s'appliquent aux produits transformés. On voit par exemple l'ajout d'adsorbants, qui vont être capable de fixer les mycotoxines et ainsi réduire leur biodisponibilité. Cette méthode est souvent réalisée au niveau des rations des animaux destinés à la consommation, car cette méthode limitera les risques pouvant être encourus par la présence de résidus dans les produits animaux. Un exemple d'adsorbant est l'ajout de Zéolites, qui sont des aluminosilicates hydrates, de cations alcalins qui peuvent fixer l'AFB1 et la ZEN (ce sont deux mycotoxines connues).

            Selon les adsorbants utilisés, on peut voir des variations d'efficacité en ce qui concerne la fixation des mycotoxines.

            Une autre méthode physique utilisée est l'emploi de charbon actif. Ils sont obtenues par pyrolyse et activation de composés organiques et en fait, de part leur structure poreuse hétérogène, ils vont se lier aux mycotoxines. On voit également proche de ce procédé l'utilisation de résines tel que le cholestyramine, qui vont également fixer les mycotoxines. Par contre, ces résines étant inorganique, on va pouvoir constater, en plus de la fixation des mycotoxines, la fixation d'autres composés tel que certains minéraux ou des vitamines pouvant donc ainsi endommager la ration.

            Enfin, la dernière technique physique est l'éradication par les rayons gamma, ou par traitement aux micro-ondes. Mais certaines mycotoxines comme les aflatoxines résistent à de tels traitements.

       2.2. Les méthodes chimiques : (29) (30) (14)

            Beaucoup d'agents chimiques tels que l'acides, les bases (ammoniac, soude ...), des agents réducteurs ou oxydants (bisulfites ou peroxydes d'hydrogène, ...) ou encore des agent chlorés sont capables de dégrader ou de biotransformer les mycotoxines. Ces traitements chimiques restent tout de même axés sur le domaine de l'alimentation animal. On voit par exemple l'utilisation d'ammoniac sur les tourteaux afin de les détoxifier. Ce traitement est même considéré comme le traitement le plus sûr sur le plan international au niveau de son efficacité dans la destruction des aflatoxines essentiellement.

       2.3. Les méthodes microbiologiques : (30)

            Ces méthodes restent encore au plan expérimental en ce qui concerne la détoxification des aliments. Des recherches sont actuellement réalisées pour développer de nouveaux ligands naturels pour les mycotoxines. On a par exemple une recherche axés sur les glucamannanes qui sont en fait issues de la partie externe des parois de la levure Saccharomyces cerevisine. Ces molécules semblent en faite capables de pouvoir fixer certaines mycotoxines (cf. tableau ci-dessous ) ce qui leur est permis grâce à leur grande surface d'échange leur attribuant une très forte capacité de liaison.

Les mycotoxines dans les aliments des ruminants (30)

 

             De tels ligands pourraient être utilisés dans l'alimentation animal ce qui entraînerait une réduction du taux de mycotoxines dans les produits finaux tel que le lait.

       2.4. Une méthode indirecte : le rôle positif des ruminants (29)

            Enfin, un dernier moyen de lutte contre la contamination des aliments est l'utilisation de produits issus de ruminants, qui en fait constituent un filtre contre les mycotoxines et ceci grâce au rumen et à sa population microbienne (cf. Chez les ruminants). Toutefois, cette barrière se limite au produit viande et laisse présent les dangers de contamination sur des produits tel que le lait.

 

 

            Les moyens de lutte pour les agriculteurs et les organismes de collectes sont des méthodes relativement simples à mettre en oeuvre et n'impliquant pas de coûts importants. Elles sont nécessaires puisque les matières premières sont à la base de la contamination. En ce qui concerne les denrées alimentaires, des moyens de décontamination et réduction des toxicités sont également présentes ; malgré tout, ces processus restent onéreux et leur efficacité fait encore l'objet de débats.

            Toutefois, toutes ces méthodes n'aboutissent pas à l'éradication totale de ces toxines mais simplement à leur réduction. De plus, il faut souligner le fait que les recherches sur ces méthodes n'en sont qu'à leur début et ne cesseront d'évoluer.

Retour haut de page