Maladies Fongiques du blé
Fusariose, Oidium et Septoriose


Reconnaître ces 3 Maladies

Fusariose

Moyens de lutte

 

LES MOYENS DE LUTTE


Pour lutter contre ces maladies, il faut tenir compte de tous les facteurs qui favorisent leur apparition.

•  Influence des semis

L'utilisation de semences traitées est indispensable parce que c'est la principale cause de contamination des cultures du fait de la très grande résistance des mycéliums à l'intérieur des grains. De plus, la présence de grains contaminés dans les semences réduit considérablement la faculté germinative. Les grains infectés ne germent pas ou alors en très faible quantité.

La densité de semis peut avoir une influence sur l'apparition de la maladie, les densités supérieures à 350 grains/m² sont plus sensibles pour les attaques du pied.

Les semis précoces sont plus exposés aux maladies du pied que les semis tardifs, tandis que ces derniers sont plus exposés aux attaques sur les épis.

•  Influence de la variété (cas de la septoriose)

L'utilisation de variétés tolérantes à la septoriose tel que Roazon , Balthazar, Oratorio … est un point important de la lutte contre cette maladie fongique. Ces variétés permettent de réaliser des économies de fongicide qui, rappelons le, est le premier poste de dépense en charges opérationnelles. Cependant, ces variétés restent très peu cultivées : elles représentent 6.5% de la sole de blé française.

En revanche, les variétés telle que Altria , Aztec , ou Tremie sont sensibles.

•  Influence du travail du sol

Un labour profond permet de bien enfouir les résidus des cultures précédentes. La présence de résidus culturaux à la surface du sol augmente les risques de contamination.

 

http://www.kverneland.no/francaise/charrue5sp.jpeg (DR)  

Labour

 

Le travail simplifié du sol est un facteur aggravant lorsque les précédents culturaux sont du maïs ou du sorgho, les autres précédents n'ont aucun effet sur le développement de la maladie dans le cas de travail simplifié du sol.

http://www.koeckerling.de/francaise/produits/semoire/Resources/serieattitel.jpeg (DR)  

Semis direct

 

•  Influence du précédent cultural

Certaines cultures précédentes ont une influence sur l'apparition de la fusariose. Il faut éviter de semer du blé derrière une céréale comme du blé, du maïs, du sorgho ou de l'avoine. Ces céréales sont très souvent infectées par la fusariose et leurs résidus transmettent facilement la maladie à la culture suivante.

 http://photoclubbiganos.free.fr/Gallerie/paille.jpg (DR)

Chaumes de blé

•  Influence de la conduite de culture

Il est difficile de réaliser un traitement préventif car on ne sait pas quel type de fusariose va contaminer la céréale, l'efficacité des produits de traitements est différente selon les espèces. Il est possible de traiter de manière préventive au moment du troisième passage de fongicide, mais pour cela, il faut utiliser une matière active qui est efficace sur un maximum d'espèces de fusariose.

Pour éviter une éventuelle contamination de la parcelle, on peut traiter avant la pluie, cela permet de diminuer le taux de fusarium susceptible d'apparaître.

Pour limiter les pertes en cas d'infection, il faut traiter aussitôt la contamination si les conditions climatiques le permettent.

Les parcelles irriguées sont les plus exposées au développement de la fusariose. Pour écarter le risque, il ne faut pas irriguer pendant le stade de floraison du blé.

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Cas particuliers :

 

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Quels fongicides pour l'oïdium ?

Le quinoxyfen tient ses promesses et offre de bons résultats. Son positionnement s'avère davantage dépendant de l'évolution de la maladie que du stade de la plante. Un positionnement au démarrage de la phase explosive de développement de la maladie lui et donc favorable. A l'inverse, on peut penser que des traitements intervenant sur des symptômes d'oïdium déclarés et peu évolutifs conduiraient avec ce type de produit à de médiocres résultats.

L'oïdium du blé se développe uniquement sur sa plante hôte, suite à une série d'échanges de signaux entre la spore d'oïdium et la cuticule du blé. Le quinoxyfen perturbe l'émission des signaux cellulaires. Les spores ne peuvent plus reconnaître leur espèce hôte et meurent rapidement, ne pouvant pénétrer dans le végétal pour assurer leur développement aux dépens de la céréale.

Le quinoxyfen peut être utilisé soit dès le stade épi à 1 cm associé aux régulateurs de croissance, soit en mélange avec un produit de la famille des strobilurines ou tout autre produit fongicide utilisé au stade T1. En fonction du produit utilisé, le dose de matière active sera à moduler. Il est préférable d'utiliser le quinoxyfen avant le stade gonflement. Une application unique par saison s'avère suffisante.

Le SDN (acibenzolar-S-méthyl, Stimulateur de Défenses Naturelles), en association avec la fenpropidine ou le cyprodinil, donne des résultats d'un très bon niveau, nettement supérieurs aux fenprop's, bien qu'inférieurs aux meilleures références. Cependant, les conditions climatiques sont plus ou moins favorables à l'expression des performances du SDN. Il est certain que la plante, à la base de ce nouveau concept de protection, ajoute une source supplémentaire de variabilité dans le contrôle de la maladie.

La stimulation de longue durée causée par le SDN induit une résistance naturelle de la plante qui « s'auto-protège » contre les pathogènes. Les plantes n'ont pas de système immunitaire comparable à celui des animaux, mais elles ont développé un mécanisme de défense similaire pour se protéger contre différents pathogènes. Le SDN n'est pas à proprement parler un fongicide car il n'agit pas directement sur les pathogènes, mais il active les mécanismes de défense de la plante. Sa durée de stimulation peut atteindre deux mois.

Les fenprop's donnent des résultats satisfaisants, mais on remarque un manque de persistance du fenpropimorphe comme de la fenpropidine qui n'excède que rarement 28 jours. La fenpropidine inhibe la synthèse de l'ergostérol qui est essentiel aux membranes cellulaires des champignons, ce qui stoppe le développement du parasite et entraîne sa destruction. Son mode d'action lui confère des propriétés préventives et curatives, caractéristique essentielle pour lutter contre ce champignon à développement très rapide.

Associée à une autre molécule, la fenpropidine en améliore la vitesse d'absorption. Elle assure en effet une meilleure résistance au lessivage et donc une persistance d'action du traitement.

Le cyprodinil est également performant sur oïdium. Il inhibe la biosynthèse des acides aminés du champignon. Il bloque la formation des suçoirs du champignon à l'intérieur de la plante ainsi que la croissance du mycélium et la sporulation à l'extérieur de la feuille. C'est donc un moyen de lutte adapté lors du premier traitement.

La spiroxamine, qui présente une résistance croisée positive avec le fenprop's, témoigne de résultats tout à fait comparables à ce type de matières actives et donc à utiliser comme telle.


Résistances aux matières actives

Résistance aux strobilurines ?

L'oïdium est en effet un champignon atypique. Sa biologie se caractérise par des cycles très rapides et implique une population composite avec des souches qui évoluent très vite. Ces spécificités favorisent les phénomènes de résistances. Ce champignon est surveillé avec une attention particulière.

Tous les ans, l'oïdium est présent sur les variétés sensibles, mais son intensité diminue d'année en année. Tout se passe comme si cette maladie disparaissait progressivement du paysage… Son développement est signalé uniquement dans quelques régions françaises, mais les niveaux d'attaque restent faibles en définitive.

Toutefois, en Champagne et dans des parcelles d'essais, les résultats laissent ponctuellement soupçonner une dérive de performance des strobilurines. En effet, une association de krésoxim-méthyl et d'époxiconazole donne en essai des résultats inférieurs de moitié à ce que l'on attend. Et le positionnement ne peut pas être remis en question puisque le quinoxyfen donne dans ces conditions d'excellents résultats.

Il est donc encore trop tôt pour évaluer la situation au plan de la résistance aux strobilurines, mais il paraît prudent de tenir compte dores et déjà de cette information. Mieux vaut donc prévenir en utilisant du quinoxyfen ou des morpholines, en T0 ou T1, ou des morpholines seulement pour des stades plus tardifs, là où l'oïdium n'aurait pas été jugulé auparavant. Il ne s'agit pas de s'inscrire dans une stratégie de remplacement des strobilurines, mais de redéfinir les programmes fongicides. Il reste que l'addition finit par être salée si l'on ajoute le piétin-verse, la septoriose… et les strobilurines.

Il faudra donc choisir, c'est-à-dire hiérarchiser les risques les uns par rapport aux autres, en s'appuyant sur les données locales, les sensibilités variétales et les observations de terrain. Malgré tout, la situation champenoise, et plus largement du Nord-Est, ne doit pas devenir la règle en matière de lutte contre l'oïdium. Ailleurs, il n'y a pas lieu de modifier les programmes de traitement.

Quels fongicides pour la fusariose ?

Il n'existe pas de produits spécifiques pour lutter contre la fusariose.

La carbendazime et le chlorothalonil montrent une efficacité de seulement 10% suivant les genres de fusariose. Ces deux matières actives n'ont pas d'effets particuliers sur fusarium nivale. Seule prochlorase est efficace à environ 60% sur ce genre de fusarium .

Les matières actives telles que tebuconazole, metconazole et époxyconazole, ont une efficacité d'environ 60% sur le fusarium roseum . On utilise aussi des strobilurines comme la picoxystrobine (dérivées de synthèse de la strobilurine A produite par le champignon Strobilurus tenacellus) : elle inhibe la respiration cellulaire en bloquant le transfert des électrons au niveau du cytochrome bc sur la chaîne respiratoire des mitochondries. Elle agit principalement sur la germination des spores pour une action préventive, et possède une action curative sur de nombreuses maladies. Ces propriétés confèrent à ACANTO un haut niveau d'efficacité et une très longue persistance d'action vis à vis d'un grand nombre de maladies.

De plus, la picoxystrobine est la seule strobilurine à avoir une biocinétique complète en ayant : une absorption rapide après application, une diffusion dans les cires cuticulaires, un mouvement systémique et translaminaire, une protection des organes néo-formés et une redistribution par phase vapeur. Ce mode de diffusion unique lui permet d'être la mieux adaptée pour un traitement fongicide au T1.

Quels fongicides pour la septoriose ?

La combinaison de produits curatifs (strobilurine) et préventifs (triazole) est fortement conseillée pour lutter contre la septoriose.

En ce qui concerne les triazoles, l'époxiconazole reste la meilleure matière active de référence. Associé à l'azoxystrobine, le mélange permet de minimiser les risques de résistance tout en élargissant le spectre d'activité.

L'azoxystrobine présente une triple efficacité - antigerminative en bloquant la germination des spores - antimycélienne : les champignons sont stoppés dans leur développement - anti-sporulante : cela conduit à un arrêt des contaminations ultérieures Le comportement dans la plante est unique et se fait de 4 façons différentes : Aussitôt après son application une partie de l'azoxystrobine pénètre dans la plante, différents mécanismes assurent alors son déplacement :

  •  mouvement translaminaire réemergent : il permet de protéger face inférieure et face supérieure par contact

  •  mouvement systémique ascendant : il permet le transport à l'intérieur de l'organe traité par les vaisseaux du xylème

  • le produit resté à la surface est fixé puis est progressivement absorbé consécutivement à des périodes d'humectation (pluies, rosées...).

Cette absorption graduelle permet de maintenir une barrière protectrice à la surface des feuilles prévenant des contaminations ultérieures par les spores. Une fois dans la plante l'azoxystrobine est très stable sous forme de composé parent. Ces différentes propriétés confèrent à l'azoxystrobine :

  • une excellente sélectivité (pas d'acccumulation aux extrémités des feuille)

  •  une protection homogène et uniforme des organes notamment des organes néoformés (mouvement translaminaire à travers les couches de feuilles enroulées puis systémie à l'intérieur de ces feuilles)

  •  une très longue persistance

Pour les strobilurines, le krésoxim-méthyl reste la meilleure matière active pour lutter contre la septoriose et cela quand aucune association avec les triazoles.

Il est recommandé de ne pas réaliser plus de deux passages par an et par hectare de strobilurine afin d'éviter l'apparition de résistance à cette famille.

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