Traitement des myopathies de Duchêne et de Becker :
Ces maladies, que sont elles ?
La myopathie de Duchenne est une forme de dystrophie musculaire progressive généralisée et héréditaire à transmission récessive liée au chromosome X (le locus responsable est situé sur le bras court du chromosome X (X p21)), débutant dans l'enfance et d'évolution grave. Seuls les garçons sont atteints et les femmes sont transmettrices. La myopathie de Duchenne touche à la naissance un garçon sur 3500 chaque année en France.
Les dystrophies musculaires progressives sont liées au même gène, le gène dit DMD de la dystrophine, le plus long connu de tout notre génome : il est en effet composé de 2,4 millions de bases génétiques. Ce gène code pour la dystrophine, protéïne du cytosquelette de la fibre musculaire. La dystrophine sert en effet à la bonne tenue et à la bonne cohésion des fibres musculaires entre elles. Sans elle, la fibre musculaire ne peut plus résister aux forces exercées lors de la contraction, et elle finit par dégénérer. Ce qui explique qu'un déficit en dystrophine soit la cause de l'atrophie musculaire progressive dans ce genre de maladie.
La mutation d'un exon codant pour la dystrophine à l'origine de cette maladie a été identifiée en 1986.
Les traitements actuels :
Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement curatif pour ces deux pathologies gravement invalidantes. Le traitement est avant tout palliatif : prévention des rétractions, apport des aides techniques, kinésithérapie, surveillance cardiaque, orthopédie. Cette prise en charge pluridisciplinaire est indispensable : elle permet à l'enfant de conserver sa qualité de vie en limitant les conséquences de la maladie. On parle aussi de traitements freinateurs.
Les traitements freinateurs :
Ils permettent de ralentir la progression de la maladie. Ce sont :
Les médicaments
- de nombreux médicaments sont proposés pour traiter les muscles périphériques mais ils sont peu efficaces et posent parfois le problème des effets secondaires
- certains médicaments peuvent freiner les anomalies cardiaques (palpitations, insuffisance cardiaque)
La rééducation
- kinébalnéothérapie
- massages (améliorent la circulation et le fonctionnement actif des muscles)
- kinésithérapie (à considérer en fonction de chaque cas)
La chirurgie qui vient en complément de la rééducation si celle-ci a echoué. Elle a pour but de corriger ou rendre acceptable les déformations. La chirurgie du rachis permet notamment de rigidifier la colonne vertébrale dans une bonne position.
L'appareillage qui a pour but de guider le mouvement, de le limiter ou de le supprimer.
La ventilation qui est utilisée pour faciliter la souplesse de la cage thoracique ou pour oxygéner de façon régulière l'organisme. Elle comporte une ventilation nasale de nuit et une ventilation de jour nasale ou buccale voire par trachéotomie si ce moyen est mal toléré et inefficace.
La kinésithérapie respiratoire qui permet le désencombrement des bronches en cas de surinfection.
Les traitements nutritionnels qui consistent à modifier l'alimentation pour éviter les difficultés qu'ont les malades à avaler. Un traitement précoce (école de déglutition) peut être proposé afin d'éduquer les malades à une mastication efficace et à une déglutition correcte.
La recherche :
Les greffes de myoblastes consistent à injecter des cellules musculaires afin qu'elles colonisent les différents muscles. Cette technique n'est malheureusement pas encore au point.
Source : www.caducee.net et www. moteurline.org
Les essais de thérapie génique (Il existe à l'heure actuelle plusieurs voies de recherche)
Les injections de plasmides dans les muscles touchés
L'injection d'un plasmide contenant un gène codant pour la dystrophine injecté par voie intramusculaire a permis d'obtenir des résultats intéressants, sans aucune réaction immunitaire contre le plasmide ou la dystrophine exogène. Trois semaines après la première injection, une biopsie des tissus musculaires injectés a révélé une expression de la dystrophine. Le niveau d'expression reste faible (dans 1 à 10 % des fibres musculaires) mais augmente avec les quantités de plasmide injecté. Il est désormais établi qu'il est possible d'obtenir une expression fonctionnelle du gène mais un lourd travail de recherche subsiste pour qu'un protocole thérapeutique puisse être proposé aux malades.
La thérapie génique associée à l'exon-skipping.
Le principe de l'exon skipping est d'utiliser des oligonucléotides pour « réparer » le message génétique. Pour la myopathie, des chercheurs ont eût l'idée de réaliser des oligonucléotides anti-sens dirigés contre l'exon muté. Cette technique permet alors d'obtenir une protéine plus courte mais fonctionnelle.
Testée sur la souris, elle a donné des résultats positifs. Une injection intramusculaire restaure la dystrophine de la souris mais l'action de l'injection disparaît au bout de 4 semaines. C'est à ce niveau qu'intervient la thérapie génique. Ces oligonucléotides, liés à un Short Nucléar ARN (snARN) facilitent leur inclusion dans la machine de traduction, ce qui a permis d'obtenir un majoration de l'effet du traitement.
Les résultats ont été remarquables. Par voie intramusculaire, une restauration durable de plus de 13 semaines a été obtenue ; par voie intra-artérielle, on pouvait observer, un mois après les premières injections, de la dystrophine dans 80% des muscles et la recouvrance d'une force presque normale après six semaines.
Dans la majorité des cas, la transformation de la maladie de la forme Duchêne à la forme Becker (moins grave) peut être espérée car il existe en réalité plusieurs origines de mutation.
Pour certains génotypes (peu de mutations) , il existe un espoir d'une restauration d'une dystrophine pleinement fonctionnelle).
Le Quotidien du Médecin, n°7348 du vendredi 6 janvier 2005 |