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| La Shigellose est la plus meurtrière des maladies diarrhéique et tue chaque année entre 600 000 et un million d’enfants dans les régions tropicales. Sa transmission se fait par voie oro-fécale, et elle est surtout due à trois espèces de bactéries : Shigella sonnei et Shigella flexneri, généralement responsables de la forme endémique de la maladie, et Shigella dysenteriae, à l’origine d’épidémies brutales. Pour lutter contre cette maladie, seule la prise d’antibiotiques est efficace s' il n’y a pas apparition de souches résistantes. Une simple réhydratation ne permet pas la guérison. Le problème est qu’un tel traitement est coûteux et donc inaccessible aux pays en développement. C’est pourquoi l’élaboration d’un vaccin efficace et abordable contre cette maladie serait une solution envisageable. Ainsi les recherches ont permis de découvrir les gènes essentiels à la virulence de la bactérie, et un vaccin a été mis au point avec une souche atténuée de Shigella flexneri sérotype 2a, par inactivation des gènes de virulence.
Colonisation d'une monocouche de cellules épithéliales par Shigella flexneri : les bactéries intracellulaires occupent l'ensemble du volume cytoplasmique et passent d'une cellule à l'autre.Sansonetti, P. / Institut Pasteur [12] Après la mise en place d’essais sur l’homme (vaccination par voie orale), notamment au Bangladesh avec l’aide de l'armée américaine et de l’OMS, il a été démontré l’efficacité de ce vaccin aussi bien sur les adultes que les enfants. Cependant pour lutter totalement contre la Shigellose, un vaccin monovalent est insuffisant car il faut vacciner contre les trois sérotypes de Shigella (flexneri, dysenteriae et sonnei). Il faudra donc créer un vaccin pentavalent.
Le bacille de Calmette et Guérin (BCG), souche vivante atténuée de Mycobacterium bovis, a été utilisé pendant de nombreuses années comme vaccin contre la tuberculose et il est probablement le plus utilisé dans le monde.
Coupe de Mycobacterium bovis ou bacille de Calmette et Guérin (BCG) (Grossissement X 70000).Service photo ; Ryter, A. / Institut Pasteur [12] Ce vaccin a une faible incidence en terme d’effets secondaires graves. Il peut être administré dès la naissance et sa production est relativement facile. Cependant il ne protège les adultes que dans un cas sur deux. Il induit une réponse cellulaire et humorale et peut être administré par différentes voies : sous-cutanée, orale ou rectale. Depuis une dizaine d’années, plusieurs laboratoires ont pu produire des souches atténuées par inactivation des gènes de virulences, après avoir identifié et caractérisé les gènes responsables de la maladie. Certains résultats d’immunogénicité et de protection chez l’animal sont très encourageants, mais l’immunogénicité chez l’homme n’a pas encore été établie. Au lieu d'utiliser des bactéries entières, une autre voie de recherche s'oriente plutôt vers l'utilisation de molécules immunogènes de Mycobacterium tuberculosis pour la vaccination. Pour cela les laboratoires recherchent des antigènes du bacille de la tuberculose reconnus préférentiellement lors de l’immunisation par le BCG ou de l’infection par Mycobacterium tuberculosis. Ainsi deux molécules ont été identifiées et ont été testées avec succès (in vitro) sur des sérums humains et des lymphocytes de personnes malades. Aujourd’hui leur évaluation sur les animaux est engagée. De plus on cherche aussi à utiliser le BCG comme vecteur d’antigènes viraux ou bactériens. Un des avantages de la construction de souches de BCG recombinantes est la capacité du BCG à persister dans les cellules présentatrices d’antigènes (macrophages, cellules dentritiques). On obtiendrait ainsi un immunogène attractif pour le développement de vaccins efficaces à long terme. Mais l’utilisation de BCG recombinant est compliquée par l’existence de différentes sous-souches, générées par la souche initiale « mère ». Par ailleurs, l’utilisation du BCG entrave l’utilisation de la tuberculine pour le diagnostic de l’infection par Mycobacterium tuberculosis. Or cette méthode est utilisée dans plusieurs pays pour contrôler la tuberculose.
Macrophage phagocytant le bacille du BCG.Lesourd, M. / Institut Pasteur [12] Finalement les études concernant le BCG sont relativement lentes et la biologie moléculaire des mycobactéries n’en est qu’à ses débuts. Les chercheurs espèrent tout de même pouvoir utiliser prochainement les souches de BCG recombinantes pour la protection contre plusieurs agents infectieux.
Le sida a tué 21,8 millions d’individus depuis le début de l’épidémie. D’après les dernières données d’ONUSIDA, on estime que 36,1 millions de personnes vivent avec le VIH à travers le monde.
Aucun vaccin n’a encore été créé malgré les nombreux essais cliniques et les différentes voies de recherche menées ces dernières années. En effet le virus du VIH est très instable et subit de nombreuses mutations. Ainsi le but des chercheurs est de trouver un vaccin capable de lutter contre la majorité des virus du sida existants dans le monde.
Maquette du virus du sida (VIH).Barre-Sinoussi, F. ; Mérieux / Institut Pasteur [12] Le problème actuel est que le sida touche environ 90 % des personnes vivant dans les pays en développement. Elles n'ont donc pas les moyens d’accéder aux traitements. De ce fait il devient nécessaire de créer rapidement un vaccin peu coûteux et distribuable à grande échelle.
Virus VIH-2, second virus du sida isolé en 1985 sur un malade originaire de l'Afrique de l'Ouest par l'équipe du Pr. Montagnier à l'Institut Pasteur.Service photo ; Dauguet, C. / Institut Pasteur [12] A l’Institut Pasteur un projet est mis en place pour élaborer un vaccin anti-sida à bas prix, à partir du vaccin de la rougeole. Ce dernier est composé d’un virus vivant atténué conférant une très bonne immunité, à vie, après une seule injection. Le but est donc de réaliser un vaccin mixte VIH-rougeole ou dit recombinant, en introduisant deux à trois gènes du VIH dans l’ADN du virus atténué de la rougeole. Pour cela il faut tout d’abord déterminer les « épitopes », c'est à dire les fragments du VIH capables d’activer une réponse immunitaire cellulaire spécifique dirigée contre le virus. Les épitopes les plus immunogènes sont assemblés pour former des polyépitopes. Ils sont portés ensuite par le virus recombinant de la rougeole. Les protéines du VIH seront alors exprimées à la surface du virus de la rougeole. Il existe cependant un inconvénient à ce vaccin : il serait plutôt utilisé sur les enfants car la plupart des adultes sont déjà vaccinés contre la rougeole. Les premiers résultats obtenus sur la souris et sur les primates sont assez positifs. On a ainsi obtenu des réponses humorales et cellulaires (anticorps et lymphocytes tueurs) contre les protéines du VIH après injection des candidats vaccins VIH-rougeole. Toutefois on n’espère pas de vaccin pouvant faire l’objet d’essais cliniques chez l’homme avant la fin de l’année 2004. Des recherches sont également en cours, quant à l'utilisation possible du BCG comme vecteur d’antigènes du VIH.
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