Vacciner pour prévenir :

Pasteur étudie également de près les œuvres d'Edward Jenner, pionnier de la lutte contre les maladies infectieuses: la vaccination antivariolique est efficace depuis la fin du XVIIIe siècle, et Pasteur a l'intuition que des souches non virulentes de microbes pourraient avoir le même effet protecteur contre les maladies qu'ils provoquent que le virus de la vaccine à l'encontre de la variole. Ses travaux portent sur le choléra des poules et sur la maladie du charbon. En 1879, ses collaborateurs Émile Roux et Charles Chamberland laissent par mégarde dans l'étuve toutes les cultures du microbe du choléra: cette erreur de manipulation est salutaire à Pasteur, qui découvre alors une méthode - le vieillissement à l'air - pour atténuer la virulence des microbes.

Du choléra des poules au charbon des moutons
Ses premières tentatives réussies d'inoculation aux poules de souches atténuées de choléra le conduisent à suivre la même démarche pour la maladie du charbon, qui décime les troupeaux de moutons. En 1881, la Société d'agriculture de Melun lui propose de faire une démonstration publique de sa nouvelle méthode de vaccination. La presse mais aussi les détracteurs de Pasteur sont conviés à assister à l'événement: dans un champ, 50 moutons ont été réunis. Pasteur inocule des souches atténuées du charbon à 25 d'entre eux, puis la maladie du charbon à la totalité du troupeau.
Quelques jours après, la presse fait ses gros titres sur le succès de l'expérimentation: les 25 moutons "vaccinés" sont tous debout, alors que, parmi les autres, 18 sont morts, et 7 à l'agonie.
Cette année-là, Pasteur entre à l'Académie française et est décoré de la grand-croix de la Légion d'honneur. Il s'intéresse déjà à la rage qui sévit dans l'est de la France, sa région d'origine. [33]

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