HISTORIQUE
1. Premiers écrits sur la rage :
La rage est une maladie
connue depuis la plus haute antiquité, comme l’atteste
ce passage du code Eshuna (recueil de lois Akkadien) rédigé
en Mésopotamie au XXIIIe siècle av. J.-C. : « si un chien
est fou et si les autorités ont porté ce fait à la connaissance
de son propriétaire, si ce dernier ne le garde pas chez lui, s’il
mord un homme et provoque sa mort, il devra payer 40 shekels (monnaie assyro-babylonienne)
d’argent. S’il mord un esclave et provoque sa mort, il paiera
15 shekels d’argent ».
Ensuite les Egyptiens, les Grecs ou encore les auteurs romains avec Homère,
Xénophon, Démocrite ou encore Celse, Coelius Aurelianus et Galien
évoqueront la rage dans leurs écrits.
2. Croyances et superstitions :
Du Moyen-Âge
au XVIIIe, les progrès dans la connaissance des maladies sont
faibles ! Les croyances et superstitions amplifient la peur
qui s’empare de la population, qui extermine les loups afin d’éradiquer
la rage.
C’est à partir de 1767 que Mead va s’intéresser
à l’affection rabique, tout comme les Ecoles Vétérinaires
sous l’impulsion de Bourgelat.
Mais deux grandes théories vont s’affronter :
-l’une adoptée par les milieux médicaux, précise
que les carnivores tombent spontanément enragés sous l’effet
de la canicule ou des grands froids. De même, le manque d’eau
et les aliments souillés seraient une source d’affection rabique.
-l’autre approuve que ceux sont des vers se trouvant sous la langue
ou dans la queue du chien qui causerait l’affection. On préconisera
donc de couper la queue des jeunes chiens (éverration).
D’autres remèdes seront préconisés :
-le traitement per os : les tissus de chien enragé (cendre de poils,
os, chair,…), des poudres diverses (à base de mouron, d’églantier,
d’écrevisse, d’os de seiche,…) ou encore le mercure
étaient considérés comme efficace contre la rage.
-les bains d’eau douce ou salée pour contrecarrer l’hydrophobie
-les pèlerinages auprès de St Hubert (patron des chasseurs),
ou encore le recteur de Gaël (Bretagne) rendait toute eau potable à
préserver de la rage.
En réalité, tout homme ou animal mordu ne contracte pas forcément
la rage et ne meurt donc pas obligatoirement.
3. Premières avancées scientifiques :
Au XIXe, les mentalités changent et de nombreux auteurs tentent de détruire les préjugés. Et c’est à partir de 1850, que des recherches expérimentales, des statistiques et des études cliniques sont mises en place sur le chien. Berndt conclut que la bave de chien et de tout animal enragé peut transmettre la rage, qu’il n’y a ni hydrophobie ni rage spontanée chez le chien.
Découverte de la vaccination anti-rabique par Galtier et Pasteur :
1879 :
Galtier utilise pour la première fois le lapin pour étudier
la rage (peu coûteux, peu exigent, inoffensif et dont l’incubation
de la maladie est inférieure à celle du chien).
Janvier 1881 : Galtier découvre la vaccination préventive antirabique
sur des moutons.
Mai 1881 : Pasteur montre que le cerveau contient du virus
rabique.
Août 1881 : Galtier montre l’efficacité
de la vaccination avant et après exposition chez les ruminants.
Décembre 1882 : Pasteur montre que l’inoculation
intraveineuse ne provoque pas d’immunité chez le chien.
1884 et 1885 : Pasteur expose sa méthode de vaccination
antirabique du chien.
Octobre 1885 : Pasteur expose son premier cas de vaccination
humaine, Joseph Meister, âgé de neuf ans qui avait été
mordu le 4 juillet, et qui a échappé, non seulement à
la rage que ses morsures auraient pu développer, mais à celle
que Pasteur lui a inoculé pour développer son immunité.
14 novembre 1888 : inauguration de l’institut Pasteur.,
afin de permettre à Pasteur d’étendre la vaccination contre
la rage, de développer l’étude des maladies infectieuses
et de diffuser les connaissances.
Les progrès récents du XXe siècle :
1903 :
le caractère ultrafiltrant du microbe est démontré par
Remlinger
1936 : taille du virus déterminée par ultrafiltration
1958 : réaction d’immunofluorescence pour le
diagnostic de la rage est mise au point par Goldwasser et Kisling.
1963 : la morphologie du virus est découverte grâce
à la microscopie électronique par Atanasiu et co.
1964 : description de la production de vaccin en lignée
de cellules diploïdes humaines.
1971 : démonstration par Baer que l’administration
orale d’un virus vivant pour lutter contre la rage est possible.
1978 : production d’anticorps monoclonaux du virus
rabique par Wiktor et Koprowski.
1981 : séquençage du gène codant la
glycoprotéine rabique est réalisée par Anilionis, Wunner
et Curtis.
1984 : Wiktor et Kieny mettent au point un vaccin recombinant
le virus de la vaccine et celui de larage, efficace par voie orale.
1988 : mise au point du vaccin rabique à usage humain
inactivé, purifié, préparé sur cellules Vero,
encore utilisé actuellement.
1989 : cas de rage identifié pour la première
fois sur des chauves-souris en France.
2002 : 34 ans après l’arrivée de la rage
vulpine en France, l’épizootie est finalement éradiquée
grâce à une campagne généralisée de vaccination
des renards par voie orale.