La rage dans le monde
La situation de la rage dans le monde évolue constamment. Elle est très différente d'un continent à un autre.
Source: Institue Pasteur Wag REUTERS, http://www.liberation.fr-Liberation-Zoom-MicrosoftInter
L'histoire de la rage a beaucoup évolué au cours du siècle dernier. Après éradication de la rage canine grâce à la vaccination des chiens domestiques et l'élimination des chiens errants, plusieurs pays de l'Europe de l'Ouest ont été indemnes de rage pendant des périodes plus ou moins longues. A la fin de la dernière guerre mondiale, l'adaptation du virus rabique au renard a permis à la rage d'envahir de nombreux pays. La chasse du renard et l'utilisation de poison n'ont pas diminué la rage vulpine en Europe.
Ce n'est que depuis l'utilisation de vaccins antirabiques contenus dans des appâts que le nombre de cas de rage a sensiblement diminué dans toute l'Europe. En France, cette diminution a été particulièrement remarquable. Les cas de rage humaine indigènes sont rares en Europe. Ils surviennent surtout dans les pays de l'est européen où la rage canine reste présente (moins de 10 cas par an). De façon exceptionnelle, des personnes mordues dans des régions de rage endémique (Afrique, Asie) développent la maladie dans un pays européen.
Le rapport publié en décembre 1996 sur la surveillance de la rage aux Etats-Unis décrit une situation complexe. En 1995, La rage animale est en recrudescence avec 7877 cas déclarés enragés avec une majorité d'animaux sauvages (92%). Les principaux animaux incriminés sont les ratons laveurs, les mouffettes, les renards, les coyotes. La chauve-souris est responsable de quelques décès humains. (Environ 3 à 5 cas humains sont enregistrés tous les ans). Ce tableau, dans un pays aussi vaste, rend impossible tout programme global de lutte anti-vectorielle.
Dans l'ensemble de l'Amérique Latine, un programme de vaccination a permis de diminuer le nombre de cas de rage humaine à environ 200 cas par an soit 0,5 à 1% des cas mondiaux. Outre la rage canine, les chauves souris (essentiellement les chauves-souris hématophages ou "vampires") sont également un réservoir important pour la rage, transmettant la rage aux humains et aux animaux d'élevage, les bovins étant les plus touchés.
L'Asie est le continent qui compte le plus de cas de rage humaine, globalisant plus de 95% des cas mondiaux. Le nombre estimé de morts y est de l'ordre de 40 000 par an survenant en grande majorité en Inde. Certains pays comme la Chine, la Malaisie, l'Indonésie, la Thaïlande, ont établi des programmes nationaux de lutte qui ont fait diminuer de façon importante le nombre de morts humaines. D'autres, comme le Japon, Hong-Kong et Singapour, sont indemnes de rage.
Le vecteur de la rage sur tout le continent est principalement le chien, responsable de 88% des contaminations humaines. Mais d'autres animaux sont porteurs de la rage comme les mangoustes (Inde, Népal, Pakistan, Sri Lanka), les loups (Iran, Afghanistan, République d'Asie Centrale) ou les renards (Moyen-Orient).
C'est le deuxième continent le plus touché, avec 1 à 2% des cas mondiaux. Environ 100-200 personnes y meurent de la rage chaque année. Cependant, dans la majorité des cas, le diagnostic est uniquement clinique. Comme en Asie, il y a vraisemblablement une sous-estimation du nombre réel de cas de rage. Le chien reste le principal vecteur de la rage en Afrique (environ 90%), mais d'autres vecteurs carnivores comme les chacals et les mangoustes existent. Plus de 4 000 cas de rage animale ont été diagnostiqués (rapport OMS), qui ne reflètent qu'une partie de la situation de la rage en Afrique.
La plupart des îles sont indemnes de rage. Mais tout récemment, deux d'entre elles, et non des moindres, ont rapporté des cas d'infections proches de la rage. En 1996, l'Australie, qui n'avait jamais été touchée, a découvert que des chauves-souris frugivores étaient porteuses d'un virus très proche des Lyssavirus de la rage.
L'infection de ces chauves-souris remonterait au moins à janvier 1995. Une australienne a ainsi été contaminée par un de ces animaux l'an dernier et en est morte. En Angleterre, une chauve-souris insectivore porteuse d'un autre Lyssavirus proche de celui de la rage a été découverte en mai 1996 dans le port de Newhaven : cet incident a nécessité la mise en place d'une surveillance de la rage animale ou d'infections apparentées dans un pays jusque là considéré à l'abri de la maladie.[18] [19]