L’agent responsable de la rhizomanie est le virus BNYVV (Beet Necrotic Yellow Vein Virus ou Virus des nervures jaunes nécrotiques de la betterave). Il se développe grâce à un champignon tellurique, le Polymyxa Betae. Ce champignon fait partie de la famille des Plasmodiophoromycètes. Il affectionne surtout les pH neutres ou légèrement basiques. Il se fixe sur les radicelles de la betterave. [9] Un virus est une entité composée d’un seul type d’acide nucléique (Acide DésoxyriboNucléïque ou Acide RiboNucléïque). Le virus BNYVV est composé exclusivement d’ARN. L’ARN remplace l’ADN comme support de l’hérédité chez certains virus. Il est incapable de se développer seul, il sera obligatoirement parasite. De part sa « fonction » parasite, il engendre des troubles cellulaires et des disfonctionnements au sein du végétal. |
Approches macrobiologiques
Durant l’hiver, le champignon Polymyxa Betae est présent sous forme de kystes ou cytosores. Ces derniers ne sont autres que des organes de conservation qui peuvent permettre la survie du champignon, et dans le même temps le virus, durant une quinzaine d’années en conditions défavorables. Lorsque la température augmente, les cytosores libèrent des zoospores, agents de dissémination du champignon. Ils possèdent des flagelles qui les rendent mobiles en présence d’eau. L’eau est un facteur très aggravant pour la transmission. Les zoospores sont attirées par des agents chimiques émis par les radicelles de la racine de la betterave, se fixent sur les sites de pénétration (cellules épidermiques et poils absorbants) et injectent leur contenu cellulaire dont le virus dans le tissu de la plante. Le champignon peut se multiplier au sein du végétal et ses particules virales vont se propager de cellule en cellule dans la betterave. Une fois à l’intérieur de la plante, le champignon produit un plasmode qui libère à son tour des zoospores secondaires et le processus de contamination continue. Après plusieurs générations, des zoospores sont éjectées de la plante et peuvent infecter les plantes adjacentes. Les plasmodes peuvent également produire des cytosores (forme de survie). Le champignon ne contenant pas le virus ne provoque pas de dommage pour la culture mais une faible proportion de cytosores infectés présents dans le sol suffit à provoquer des dégâts importants. Les cytosores infectés se multiplient beaucoup plus vite. Le champignon est persistant dans le sol. On comprend que des agents de dissémination du virus sont les outils de travails du sol, les transports de betteraves ou encore parfois le vent. [10] |
Approches microbiologiques
Le virus BNYVV a la forme d’un bâtonnet de 100 à 400 nm de long et de 20 nm de diamètre. Il est composé de 4 ou 5 molécules d’ARN encapsulées dans une enveloppe protéique. [11] On peut différencier 3 types de virus BNYVV : Type A : 4 ARN Type B : 4 ARN Type P : 5 ARN : C’est le type P qui sera étudié par la suite car c’est le plus agressif envers le végétal.
Voyons le rôle des 5 ARN dans la transmission et le développement du virus : |
- L’ARN 1 code pour une protéine impliquée dans la réplication des ARN viraux. Elle est nécessaire à la multiplication du virus. - L’ARN 2 code pour des protéines nécessaires à : · L’encapsidation : formation d’une paroi protectrice du virus. · La transmission du champignon à la betterave. · Le mouvement du virus de cellules à cellules dans la betterave. · La transactivation : - L’ARN 3 permet l’amplification du virus dans les racines et est responsable de la prolifération racinaire caractéristique de la rhizomanie. - L’ARN 4 est nécessaire à la transmission du virus par le champignon. - L’ARN 5 amplifie l’expression des symptômes de la maladie. - L’ARN 1 et 2 sont suffisants pour le développement du virus en laboratoire. En milieu naturel, l’ARN 3 et 4 sont essentiels à l’infection de la betterave. |
La transmission |
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