Les moyens de lutte

1.  Les moyens de lutte contre la maladie

 

Comme déjà dit précédemment, la rhizomanie est une maladie d'origine virale. Le virus est essentiellement constitué d'ARN, entouré d'une enveloppe composées de deux protéines virales. A ce jour, il existe deux méthodes de lutte: soit contre le champignon vecteur du virus, soit contre le virus de la plante. [13]

 

 

2. La lutte contre le champignon vecteur

 

             Mode de contamination

 

En général, le virus ne se trouve que dans les racines, au niveau radicelles latérales et dans le chevelu racinaire. Aussi, il ne devient systémique que dans de rares cas de températures élevées et de forte humidité.

Cependant le virus n'est pas capable d'infecter des betteraves à lui tout seul. L'infection ne peut se faire que par son introduction dans la plante via les zoospores de son champignon vecteur, le Polymyxa betae. Le virus ne peut survivre à l'extérieur sans la protection des spores du champignon. Toutefois il peut survivre à l'intérieur de tissus végétaux congelés et même dans un extrait de plante comme le jus. La survie des cytospores (qui donnent des zoospores) dans le sol peut atteindre 20 ans. [14]

L'infection ne peut avoir lieu que lorsque les deux facteurs, température (à partir de 10-15°C et jusqu'à 25 °C) et humidité sont réunis. Ainsi les terres les plus sensibles à l'infection sont celles qui ont une nappe phréatique élevée, qui sont situées le long de cours d'eau, ou qui sont irriguées. Aussi en dessous d'un pH de 5,5 le champignon ne peut se développer, bien qu'il puisse y survivre. En dessous de 200 mg de Ca/100 g de sol la multiplication du champignon est ralentie. [14]

Le virus ne peut pas être transmis par la semence, mais l'infection peut se faire par apport de terre extérieure contaminée ou en amenant des plantes contaminées par un sol rhizomanié (45 g de sol contaminé par are suffisent pour infecter un sol. La contamination peut aussi se faire par l'eau de drainage et d'irrigation.[14]

A l'intérieur d'un champ infesté, la dispersion de la maladie se fait essentiellement par les opérations de travail du sol.

 

             Prévention et lutte

 

La graine de betterave germe vers 5 °C alors que le champignon vecteur ne se développe que vers 12 °C, un semis précoce dans un sol plus froid permettra d'éviter des attaques précoces.

Les rotations trop courtes sont à éviter pour ne pas accélérer l'augmentation du potentiel infectieux du sol.

Un bon drainage du sol et une bonne structure sont nécessaires.

L'irrigation favorise le développement de la rhizomanie, il ne faut pas dépasser les 2/3 de la capacité au champ.

Les mesures sont également importantes, l'introduction de terres étrangères est à proscrire et les matériels de récolte et de travail du sol devront être convenablement nettoyés. Il faudra aussi éviter le sur chaulage.

Enfin, dans le cas de la rhizomanie il n'existe pas de mesures chimiques qui puissent assainir le sol de façon suffisante. [14]

 

 

 

3. La lutte contre le virus

 

Depuis 50 ans, on a découvert le phénomène de protection croisée: des plantes infectées par un virus sont protégées contre des infections ultérieures par d'autres virus plus virulents.

Une méthode plus rapide consiste à rendre la plante génétiquement résistante au virus.

Les sélectionneurs vont rechercher des gènes de tolérance au virus dans des collections de plantes du genre Beta, car il existe des plantes qui sont naturellement tolérantes à la rhizomanie mais qui n'ont aucun intérêt agronomique et industriel.

L'introgression consiste à introduire le gène de tolérance dans des lignées sélectionnées pour leurs performances. Puis par croisements successifs et sélection la plante  va acquérir la tolérance. Pour viser une tolérance maximale, les sélectionneurs recombinent différentes sources de tolérance. Ceci est également une précaution vis à vis d'une adaptation potentielle du virus à une source de tolérance donnée.[16]

Pour augmenter l'efficacité de la sélection, en gagnant en précision et en rapidité, les sélectionneurs utilisent des

Shéma de sélection

marqueurs moléculaires que l'on sait mettre en évidence et dont on connaît la localisation dans le génome de la betterave. Leur visualisation permet donc de suivre la répartition du matériel génétique d'une génération à l'autre. Des bio essais menés sous serre permettent d'augmenter le nombre de plantes testées, de quantifier le taux de résistance et de caractériser les phénomènes qui influencent la multiplication du virus dans la plante.

 

 

Shéma des croisements

©SES-France

L'utilisation de variétés tolérantes est sans conteste la meilleure méthode de lutte contre la rhizomanie. Plusieurs variétés tolérantes sont actuellement disponibles sur le marché, et elles occupent une place significative avec près de 70 % du marché en 2003. Dans quelques années toutes les variétés de betterave sucrières semées en France seront tolérantes à  la rhizomanie.

Aussi certaines de ces variétés présentent dans un champ non contaminé, un niveau de rendement équivalent à 90- 100 % à celui des variétés normales. Par contre, ces variétés produisent 9-10 T de sucre / ha dans des terres contaminées alors que les variétés normales peuvent n'y produire que la moitié. [15]

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ImprimerGraphique de l'évolution de la part des variétés tolérantes à la rhizomanie sur le marché français

Evolution des variétés tolérantes à la rhizomanie sur le marché français