La solarisation
Principe Mise en oeuvre Efficacité Conclusion
La solarisation des sols et ses dérivés sont une méthode d’assainissement des sols obtenus par l’élévation de sa température grâce à l’énergie solaire. La mise au point de cette technique a été faite à partir de 1976 en Israël.
Un film plastique transparent étendu sur le sol joue le rôle de capteur d’énergie et, du fait de sa perméabilité réduite, modifie l’équilibre gazeux du sol. L’eau du sol transmet, vers la profondeur, la chaleur captée par le film plastique.
Les dérivés de cette technique, soit accentuent les déséquilibres gazeux par fermentation de végétaux enfouis (biofumigation), soit utilisent des désinfectants à dose réduite (métam-sodium, dazomet…). La conjonction de la chaleur et la diminution des pertes par vapeur renforcent leur effet.
Ø couverture plastique
La période estivale entre le 1er juin et le 30 août est la plus favorable. L’intensité de l’ensoleillement doit permettre d’obtenir dans les trois premiers jours une élévation rapide de la température de la couche superficielle. Dans le cas contraire, les semences des mauvaises herbes thermorésistantes, germent et se développent sous le film plastique créant une couche isolante limitant le contact sol/film réduisant ainsi la transmission de la chaleur. La durée du bâchage dépendra de l’objectif choisi :
- désherbage : 30 jours
- champignon minimum : 45 jours sous abri
60 jours en plein champ
Ø le sol et l’eau
Le sol doit être plat et préparé comme pour un semis. Tout tassement tel que passage des roues, traces de pas…sera un obstacle à la pénétration de la chaleur et à sa circulation. Un arrosage copieux saturant le sol en eau doit suivre sa préparation. La pose de la bâche se fait dès ressuyage. La bonne humidification de toute la profondeur du sol est indispensable. En effet, c’est l’eau qui transmet la chaleur captée par le film plastique ; une humidité insuffisante ou un dessèchement superficiel du sol en cours de solarisation réduira la transmission de la chaleur donc l’efficacité de l’opération.
Ø Mise en place de la bâche
Le choix du film est important ; il doit être transparent, d’une épaisseur de 40 à 50 µ et être traité pour résister aux ultra-violets (UV). Sinon dans le cas contraire, il se dégrade dans un délai inférieur à celui désiré et la récupération sera difficile.
La bâche doit être bien tendue et collée au sol. La condensation à la face inférieure limite les pertes par rayonnement et les émissions de gaz vers l’atmosphère. Ceci accentue les modifications de l’équilibre gazeux, en particulier celui concernant oxygène/gaz carbonique.
Ø Remise en culture
La couche du sol la mieux désinfectée est d’une épaisseur inférieure à 10 cm. Pour éviter de remonter les graines de champignon, il faut faire une reprise superficielle de sol. L’élévation de la température avec une forte humidité, accélère la minéralisation avant la remise en culture. Le contrôle de la teneur en nitrates du sol est indispensable pour ajuster la fertilisation.
La solarisation a une efficacité pratique sur les maladies des cultures légumières se conservant dans la couche superficielle du sol, mais également dans une moindre mesure celles attaquant le système racinaire ou vasculaire ou les ravageurs comme les nématodes. Par contre, la protection contre les maladies transmises par des spores aériennes n’est pas assurée. Des températures maximales supérieur à 40 °C, enregistrées à 10 cm dans le sol, sont suffisantes pour réduire les risques de maladies superficielles. A cet effet direct s’ajoute l’amplitude de la fluctuation jour/nuit qui est plus favorable aux antagonistes qu’aux pathogènes.
- Efficacité sur le Corky Root : effet moyen d’environ 50% sur le niveau de contamination racinaire.
- Efficacité sur Sclérotinia de la salade : comparable au niveau d’efficacité biologique d’une série de traitements fongicides en post-plantation, à base de procymidone qui constitue actuellement la référence optimum.
- Efficacité sur les virus ou Big Vein : un niveau d’efficacité moyen de 40 à 100% peut être observé.
- Effet sur le Rhizoctonia de la laitue : efficacité pratique de 71 à 78%
- Effet sur les adventices : la plupart des mauvaises herbes à multiplication par graines sont sensibles, et une exposition de 8 h à 40 °C tue l’ensemble des semences.
La solarisation, technique alternative, peut être utilisée seule ou en association avec d’autres méthodes. Dans tous les cas, les risques pour l’applicateur et l’environnement sont réduits. Mais les contraintes climatiques et de calendrier font que l’utilisation de cette technique reste limitée au quart sud-est de la France et dans des cas particuliers : absence de culture en été pendant 30 jours, dans les serres ou en plein champ, ou cultures biologiques. La culture d’un engrais vert allonge le délai d’occupation du sol et l’emploi de fortes doses d’amendements si elles doivent être souvent répétées peut poser des problèmes agronomiques et environnementaux. L’incorporation d’un tonnage important de matière organique fraîche et compacte, limite la propagation de la chaleur.